Séminaire « Kalîla wa Dimna », 19 novembre 2012
- Université Paris Sorbonne-Paris IV : partenaire
- Service des Manuscrits orientaux : organisateur
- Annie VERNAY-NOURI (Service des Manuscrits orientaux) : chef de projet, pilote
Description
Il a réuni 13 participants :
- Nourane Ben Azzouna (dr), chargée d’étude pour les arts de l’Islam à l’Agence France-Muséum – Louvre Abu Dhabi et post-doctorante de l’UMR 7528.
- Suzanne Babey, étudiante en Master 2 à l’Université Paris-Sorbonne sous la direction d’EBP. Elle travaille sur les productions de Kütahya et de Canakkale au travers des collections du Musée National de la Céramique de Sèvres.
- Frantz Chaigne, doctorant à l’Université Paris-Sorbonne sous la direction d’EBP. Il travaille sur le décor enluminé produit sous les Ilkhanides.
- Zina Cohen, étudiante en Master 2 à l’Université Paris-Sorbonne sous la direction d’EBP. Elle travaille sur la caractérisation archéométrique des enduits et des mortiers d’Aghmat (Maroc) à partir des analyses réalisées au Muséum National d’Histoire Naturelle.
- Maxime Durocher, doctorant à l’Université Paris-Sorbonne sous la direction de Jean-Pierre van Staevel. Il travaille sur l’architecture des confréries soufies en Anatolie centrale.
- Ghazaleh Esmaelpour Ghoochan, doctorante à l’Université Paris-Sorbonne sous la direction d’EBP. Elle travaille sur les bleus dans la miniature safavide avant Shâh Abbâs.
- Isabelle Imbert, doctorante à l’Université Paris-Sorbonne sous la direction d’EBP. Elle travaille sur les peintures de fleurs dans les albums de l’Iran safavide et de l’Inde Moghole entre le XVIe et la fin du XVIIIe siècle.
- Aïda el-Khiari, étudiante en Master 2 à l’Université Paris-Sorbonne sous la direction d’EBP. Elle travaille sur les représentations du zodiaque dans les manuscrits arabes illustrés entre le XVIe et le XVIIIe siècle.
- Hana Mater, étudiante en Master 1 à l’Université Paris-Sorbonne sous la direction d’EBP. Elle travaille à l’analyse d’une partie des folios du manuscrit de Qazwini de la collection de Jean Pozzi au musée d’art et d’histoire de Genève.
- Geneviève Protière-Lebrun, étudiante en Master 2 à l’Université Paris-Sorbonne sous la direction d’EBP. Elle travaille sur quatre mosquées de la région de Lebdah (Tripolitaine, Libye).
- Farshad Radmanesh, étudiant en Master 1 à l’EPHE, sous la direction de François Déroche. Il travaille sur les manuscrits persans.
- Yi Zhai, doctorante de l’Université Aix-Marseille sous la direction d’Yves Porter. Elle travaille sur les échanges artistiques entre la Chine et l’Iran à l’époque médiévale.
Présentation du séminaire :
Ce séminaire fait partie intégrante du projet Kalîla wa Dimna et à ce titre, ses participants doivent mener une part active à son développement.
Il s’agira lors de cette première année du projet de remplir un certain nombre de tâches telles que le dépouillement systématique des catalogues de bibliothèque et des catalogues de vente afin de dresser un inventaire aussi exhaustif que possible des manuscrits arabe de Kalîla wa Dimna conservés dans le monde. Devront être recensés aussi bien les manuscrits illustrés que ceux qui contiennent des espaces vacants destinés à une illustration qui n’a pas été réalisée.
Une bibliographie doit également être établie. Elle doit s’intéresser à la peinture des manuscrits musulmans d’une façon générale et à celle de la peinture des manuscrits arabes plus particulièrement. Tous les ouvrages abordant Kalîla wa Dimna devront là encore être recensés, qu’il s’agisse d’histoire de l’art, d’étude textuelle ou d’édition du texte.
Par ailleurs, au cours des différentes séances du séminaire, les participants seront amenés à travailler sur 6 manuscrits arabes illustrés conservés à la BnF :
- arabe 3465
- arabe 3467
- arabe 3470
- arabe 3472
- arabe 3475
- arabe 5881
L’un des buts du séminaire est d’amener les participants à s’interroger sur la mise en place d’un protocole de description des illustrations de ces différents manuscrits afin de pouvoir les étudier séparément, mais aussi de pouvoir les comparer pour ensuite étendre ces comparaison à l’ensemble du corpus mondial.
Un important travail sur le texte lui-même devra être réalisé. Il s’agira notamment de comprendre les liens entre texte et illustrations et surtout e voir si certaines fables ont retenues plus particulièrement l’attention des illustrateurs et des commanditaires.
Quelques éléments à retenir à propos de l’origine et du développement de Kalîla wa Dimna :
Le texte tire ses origines d’une œuvre sanskrite, le Panchatantra, un recueil de fables moralisatrices, en cinq livres, qui peut être daté entre le IIe et le VIe siècle de notre ère et est attribué au sage Bidpay. Chaque partie concerne un thème. On retrouve déjà, dans la première partie les deux chacals, Karataka et Damanka, mais pas de façon récurrente comme dans la version arabe.
La version iranienne, établie au milieu du VIe siècle, est réalisée à partir d’une version en moyen perse pehlevi effectuée par le médecin Burzoe pour le roi sassanide Khosrow Anûshirwân (r. 531-579) dont aucune copie ne nous est parvenue.
Le texte de Kalîla wa Dimna n’est pas un texte figé, au contraire, il ne cesse de se modifier avec des structures différentes. Au VIIIe siècle, le prosateur ‘Abdallah Ibn al-Muqaffa traduit le texte pehlevi tout en l’enrichissant et le recomposant. Cette nouvelle version en arabe connaît rapidement un immense succès. Au XIIe siècle, une nouvelle version persane du texte et réalisée par Nasr Allâh Monshi pour le sultan de Ghazni Bahrâm Shâh. Cette traduction repose non sur la version pehlevi mais sur la version arabe.
Kalîla wa Dimna est un recueil qui appartient au genre des « miroirs aux princes » c’est-à-dire un texte destiné en particulier à l’éducation politique des princes et des décisionnaires politiques. Construit sur le principe d’un récit à tiroir, certains chapitres s’ouvrent sur une question du vizir à son conseiller Bidpay qui, en forme de réponse, renvoie à un autre récit fait par deux chacals, Kalîla et Dimna qui donnent à leur tour une réponse par le bais d’une fable. Il existe ainsi plus de trois niveaux de récit.
Le texte présente donc un arbre généalogique très riche et complexe et ses nombreuses versions ont donné lieu à des illustrations riches et variées. On en trouve notamment des versions en syriaque, en grec, en hébreu et en ancien espagnol (toutes ne sont cependant pas illustrées). Les versions turques dérivent elles, de la version persane et non de la version arabe. D’autre part, des versions illustrées en hébreu du XIIe siècle présentent des similitudes avec les modèles arabes. Ces fables semblent aussi avoir donné naissance à une iconographie propre, dès leur version la plus ancienne. On trouve ainsi en Inde des illustrations, dans la statuaire, directement puisée du Panchatantra. En France, il semble que Jean de la Fontaine s’en soit également en partie inspiré.
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