OPAL : Oxford-Paris Alexander Project : perspectives transnationales à l’ère numérique

Les entités participant au financement
Les partenaires et leurs rôles
Les services BnF et leurs rôles
Les acteurs BnF et leurs rôles

Description

Le projet OPAL est consacré à la monnaie créée par Alexandre le Grand, à son nom et à ses types, qui, contrairement à d’autres structures qu’il avait établies, lui a survécu durant plus de deux siècles et a modelé durablement la monétarisation de l’Orient.

Les objectifs du projet sont de trois ordres :

1. Les monnaies en contexte transnational : publication de collections en ligne et outil intelligent de consultation
L’objectif est de constituer un corpus significatif d’objets numérisés qui puisse être présenté à travers les sites internet des deux institutions hôtes, l’Ashmolean Museum, Oxford (724 exemplaires, web application de l’Heberdeen Coin Room en cours de développement, accès public prévu en 2016), et la Bibliothèque nationale de France (3283 exemplaires, catalogue général de la BnF et Gallica), mais aussi à travers le cadre du web sémantique, à travers un portail en ligne (Pella, hébergé par l’American Numismatic Society, New York). Cette publication tripartite des données, ensuite ouverte à d’autres institutions, permettra d’unifier sur une base internationale le traitement de plusieurs dizaines de milliers d’objets dont la consultation et l’étude sont aujourd’hui très difficiles pour le spécialiste du fait des quantités et de la dispersion internationale : à l’échelle des sciences de l’Antiquité, il s’agit déjà de big data. L’étude par les non numismates est à peu près impossible en l’état actuel.
Ce sera l’occasion de créer des descriptions standardisées multilingues adaptées aux collections décrites et propres à leur exploitation par le portail dédié PELLA. Les informations de provenance, perdues pour les objets pillés dans les pays d’origine, mais souvent nombreuses dans les collections de Paris et Oxford, feront aussi l’objet de descriptions précises et interrogeables en ligne.

2. Les monnaies, objets transnationaux : pratiques monétaires et implications politiques
Le projet vise à extraire du corpus constitué les informations historiques qui contribueront à la compréhension du monde qui a produit ces objets. Avant Alexandre le Grand, l’usage de la monnaie n’est intensif que dans de très rares cas de figure, comme à Athènes. De vastes régions en sont totalement dépourvues. Les émissions au nom d’Alexandre le Grand, à la fin du IVe s., bouleversent complètement cette situation. Les monnaies antérieures, quand elles existaient, disparaissent et des régions qui ignoraient cet instrument se mettent à l’utiliser. Avec l’utilisation de la monnaie, des études récentes montrent aussi la progressive assimilation de nouvelles pratiques comptables, une nouvelle perception de l’étranger grec ou macédonien en Orient (Monerie 2013). Une monnaie commune, à si vaste échelle, a marqué les pratiques et la question se pose de la répétitivité de ce modèle dans un contexte impérial aux époques romaine et islamique. Par ailleurs, la mise en base de données d’un objet sériel produit en masse, sera l’occasion de mettre en évidence les adaptations locales, les phénomènes d’imitation, la circulation monétaire et les flux de métaux d’une région à l’autre en fonction des guerres mais aussi du prix de l’argent. La durée du phénomène permet aussi de comprendre comme, plus tard, des cités ou de petits états se sont approprié la monnaie royale et en ont fait un instrument contrôlé localement. La dissémination du phénomène, de la mer Noire à l’Arabie, de la Grèce à l’Afghanistan, n’a jamais été étudiée.
La mise en ligne d’un corpus aussi important de monnaies d’Alexandre le Grand, avec un classement consolidé et des outils de recherche appropriés, sera une occasion unique d’en approfondir la connaissance par les biais suivants :

  • Etude de la structure du monnayage créé région par région, dans de nombreuses structures politiques : empires (Alexandre et autres), royaumes (successeurs d’Alexandre), entités civiques plus tardives ;
  • Etude de la circulation monétaire par des cartes produites à travers les resources du web sémantique tels Pleiades ;
  • Etude comparative des prix des métaux (quand les données sont disponibles) ;
  • Imitation et appropriations locales (ex. Arabie, Thrace, Afghanistan) ;
  • L’influence d’Alexandre après l’Antiquité ;
  • La répétition du modèle monétaire impérial d’Alexandre jusqu’au début de l’époque moderne.

L’étude de ces sujets sera l’objet d’un post-doctorat de 18 mois à l’Ashmolean Museum d’Oxford en collaboration avec les conservateurs d’Oxford, New York, Paris et Berlin, et la première partie d’un colloque qui se tiendra à Oxford à la fin de projet, durant l’été 2017. Les contributions seront demandées à des spécialistes de ces domaines dans la perspective d’une publication de synthèse sur le monnayage d’Alexandre le grand et son impact en termes culturels et économiques.

3. Développer un modèle pour la préservation d’un patrimoine numérique transnational
Nous nous proposons d’utiliser ce projet comme une étude de cas du rôle qu’une collection numérique pourrait jouer dans la construction d’une présentation virtuelle internationale d’un héritage transnational. Les collections considérées sont transnationales parce qu’elles proviennent du territoire de différents états modernes, mais aussi parce qu’elles sont aujourd’hui conservées dans les musées de multiples nations. Or comme le souligne la convention de l’UNESCO de 1970 sur la protection du patrimoine, celle-ci passe d’abord par la description et la connaissance des objets conservés. Pour les monnaies, leur valeur métallique et leurs caractéristiques sérielles les rendent particulièrement vulnérables. Dans le nouveau monde du monde web sémantique, il existe de nouvelles méthodes de préservation. Le projet OPAL contribuerait à mettre en place :
1.Une infrastructure Linked Data permettant la publication unifiée d’un patrimoine matériel conservé dans les entrepôts numériques de différents états. La numismatique antique s’est très tôt intéressée au web de données. De ce fait, un espace de nommage existe déjà (nomisma.org, voir infra) aujourd’hui plutôt centré sur le monde romain. Un élément fondamental du projet OPAL sera le développement d’une infrastructure en Web sémantique qui permette la publication conjointe des collections. Cet objectif sera atteint par la création des concepts nécessaires à la communication entre les bases de données à travers l’ontologie créée par nomisma.org. OPAL définira tous les concepts nécessaires pour la publication des corpus d’Alexandre et produira les URIs nécessaires dans nomisma.org. Un article sera aussi rédigé par le post-doctorant en collaboration avec les conservateurs de Paris, New York et Oxford, décrivant la méthode derrière les normes de description et leur mise en œuvre technique.
2. A terme, le projet en collaboration avec l’American Numismatic Society permettra le développement d’outils d’interprétation des données mises en ligne par Paris et Oxford : construction automatisée de cartes de circulation, liens avec les programmes de mise en ligne des trésors monétaires grecs, études automatiques de métrologie, etc. Le projet est destiné à être pérenne, à rester ouvert et à agréger petit à petit d’autres collections.
3. L’étude du patrimoine et sa communication au delà des cadres nationaux traditionnels. Le danger existe toujours, dans le domaine des humanités numériques, que les développements techniques soient leur propre fin, sans considération pour leur intérêt pour la recherche. C’est pourquoi la seconde partie du colloque et la publication détaillée en B2 seront consacrés à la méthode et à l’intérêt d’unir les objets au-delà des collections pour la mise à disposition et l’analyse du patrimoine qui n’appartient pas à une seule nation. Le rôle de tels projets dans la dissémination de la recherche en direction de sociétés qui rejettent explicitement ou implicitement un tel patrimoine doit être exploré (destruction, vente comme bien commercialisable au lieu de préservation).
4. Le danger existe toujours, dans le domaine des humanités numériques, que les développements techniques soient leur propre fin, sans considération pour leur intérêt pour la recherche. C’est pourquoi la seconde partie du colloque et la publication détaillée en B2 seront consacrés à la méthode et à l’intérêt d’unir les objets au-delà des collections pour la mise à disposition et l’analyse du patrimoine qui n’appartient pas à une seule nation. Le rôle de tels projets dans la dissémination de la recherche en direction de cultures sociétés qui rejettent explicitement ou implicitement un tel patrimoine doit être exploré (destruction, vente comme bien commercialisable au lieu de préservation).