Pierre Jean Jouve : regards croisés

Les acteurs BnF et leurs rôles

Description

Après-midi d’étude autour de l’exposition Pierre Jean Jouve, Philippe Roman. Au miroir de l’amitié

Après-midi d'étude en présence de Guillaume Fau, Robert Kopp, Jean Clair, François Lallier et Jacques Darras.
Cette après-midi d'étude sera illustrée par une projection :

Le Feu de la chair : Pierre Jean Jouve (1887-1976),
réalisé par Olivier Mille avec Robert Kopp, auteur. Coll. Un siècle d’écrivains, 52’.

Pierre Jean Jouve (né à Arras le 11 octobre 1887, mort à Paris le 8 janvier 1976) est un écrivain, poète, romancier et critique français.
Il est avant 1914 un des écrivains de l'unanimisme, ce mouvement créé par Jules Romains et aussi un membre actif du mouvement pacifiste animé par Romain Rolland pendant la Première Guerre mondiale.
Une profonde rupture s'opère grâce à sa seconde épouse, la psychanalyste Blanche Reverchon, traductrice de Freud (1923) et amie de Jacques Lacan, qui fait de lui l'un des premiers écrivains à affronter la psychanalyse et à montrer l'importance de l'inconscient dans la création artistique - et cela dès le milieu des années 1920. On peut citer parmi ses œuvres ses recueils de poèmes : Les Noces (1925-1931), Sueur de Sang (1935), Matière céleste (1937), ou ses romans : Le Monde désert (1927), Hécate (1928), Vagadu (1931), La Scène capitale (1935), et le plus connu Paulina 1880, paru en 1925.
Il a été aussi, dès 1938 et pendant son exil en Suisse, un important acteur de la résistance intellectuelle contre le nazisme, avec ses poèmes apocalyptiques de Gloire et de La Vierge de Paris.
Cet écrivain souvent perçu comme un marginal hautain, refusant les embrigadements des "mouvements" a su toucher beaucoup d'écrivains et d’artistes.

Le film de Robert Kopp et d’Olivier Mille ne se contente pas de retracer l’itinéraire de Jouve et de le situer dans son siècle. Il recrée, à travers les paysages que Jouve a aimé, au moyen des tableaux avec lesquels il a vécu et la musique qui a été la sienne, l’univers à la fois sensuel et spirituel de Jouve. Aussi les témoignages de son vieux complice Balthus, de Catherine Jouve, la petite fille du poète, de Jean Starobinski, son ami pendant les années sombres de l’Occupation, Michel Fano, qui l’a aidé à déchiffrer les partitions d’Alban Berg, s’insèrent-ils dans un récit dont l’auteur pourrait être Jouve lui-même. Récit dramatique, plein de rebondissements et de surprises, tant est riche en événements l’existence d’un des témoins les plus exigeants de notre siècle. La voix et le visage de Jouve, extraordinairement mobile et expressif, sont ceux-là même que l’un des auteurs du film a encore connu au moment où il lui a consacré un « Cahier de l’Herne ». Jouve lisant « Le Bois des Pauvres », Jouve parlant de son enfance mélancolique à Arras, de sa vie d’infirmier pendant la première guerre, de l’appel du 18 juin, sont des moments particulièrement émouvants de ce film qui combine avec art et adresse le document, l’interview, le témoignage, l’archive, le paysage, la musique.
Olivier Mille et Robert Kopp ont su rendre sensible le monde déchiré de Jouve, l’écartèlement entre son érotisme brûlant et sa soif d’absolu. Quant aux images de l’Engadine qui encadrent et rythment leur parcours, elles font de ce film un opéra fabuleux.